Nous pouvons maintenant revenir sur Louise Barbe, modèle présumé du peintre Julien Champagne pour son vertigineux tableau déjà présenté: Le Vaisseau du Grand Oeuvre.
Chimiste chez Rhone-Poulenc, comme Gaston Sauvage, entre autres, elle est ici représentée, nous explique Eugène Canseliet dans ses Deux Logis Alchimiques, où il reproduit ce cliché que nous pouvons dater des années 1910, "en costume de ville".
Canseliet commente mélancoliquement, en 1979, au dos de la photo: "Voici la jeune femme qui, elle aussi, se tient parmi nos fantômes, c'est-à-dire au nombre des êtres que nous avons connu, aimés et qui sont morts, au cours de notre existence déjà longue et très peu commune."
Louise Barbe mourut elle vraiment, comme nous l'avions pensé et écrit, en 1910, dans l'explosion de son laboratoire? Pourtant Canseliet avance que ce portrait aurait été tiré en 1913. Selon d'autres sources, elle serait décédée en 1919.
En tout cas, Dubois rapporte dans son livre sur Fulcanelli que Champagne, pour rassurer le mari de son modèle, Serge Voronoff, n'hésita pas, en bon cabaliste, à l'assurer qu'il avait réussi la chrysopée et grâce à elle atteint un âge avancé, ce qui probablement l'exonérait des tentations offertes par la nudité féminine, et l'aurait donc mystifié en lui présentant comme sienne la carte d'identité de son père, qu'il avait préalablement falsifiée.
Enfin, Dubois rappelle qu'Irène Hillel-Erlanger ( Claude Lorrey de son nom de plume) dédicaça à son amie Louise Barbe son livre Voyages en Kaéïdoscope (1919): "A la grande âme de L.B., j'offre pieusement ces pages.I.H.E."
Cependant, dans un numéro de 1985 de la revue Tempête chymique, Isabelle Canseliet, dans un article rédigé en 1984, se fait l'écho d'une opinion émise par le fils d'Irène, Philippe Erlanger.
Pour ce dernier, ce L.B. serait en fait masculin, il s'agirait de Léon Bloy. Léon dont elle nous rappelle par la même occasion cette maxime bien alchimique au demeurant:
"Plus on s'approche de Dieu, plus on est seul."
Relevons finalement cette assertion à première vue surprenante et en tout cas non confirmée selon laquelle Barbe pourrait être en fait une fille de Ferdinand de Lesseps:
http://voronoff.wordpress.com/madame-voronoff/
"Marguerite-Louise Barbe was Serge Voronoff’s first wife. According to David Hamilton, author of The Monkey Gland Affair, Marguerite-Louise was the daughter of Ferdinand de Lesseps, who commissioned the building of the Suez Canal."
Ecrit par un chirurgien, ce livre a été édité en 1986 par Chatto & Windus (Londres).
On y trouve effectivement une allusion précise à ce premier mariage de Voronoff:
"In Egypt, he married the daughter of Ferdinand de Lesseps and in 1902 the couple were prominent in the celebrations of the opening of the Suez Canal.
In about 1910 they returned to Paris..."
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-32325909.html
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