Grâce à Jim Ketchum (J.K., of course), que je remercie encore, il est sans doute temps de revenir sur l'identification proposée par les experts de la "réunion des musées nationaux" français entre notre Julien Champagne et un certain J.Champagne, auteur de la série des Soirées parisiennes:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-6323545.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-6581060.html
et de certaines gravures romantiques déjà commentées comme cette Mademoiselle Lenormand qui ne peut
que nous inciter à abattre certaines de nos cartes.
Pas plus que les autres, cette gravure consacrée à la célèbre cartomancienne, qui fleure bon son début du XIXème siècle, ne me semble être l'oeuvre de notre artiste, né en 1877 et décédé en 1932.
Pour moi c'est Jim qui a raison, jusqu'à preuve du contraire, contre l'avis émis par les experts, auxquels je voudrais ici lancer un défi.
Ketchum a en effet eu raison selon moi d'attirer mon attention sur un livre publié en 1881 par un ancien consul des
Etats-Unis à Paris, et qui est consacré comme vous le voyez à toutes ces "femmes d'influence" qui ont au cours des siècles marqué l'histoire internationale, de l'antiquité aux temps modernes.
Frank Goodrich, puisque tel est le nom de l'auteur, y traite notamment de certaines de nos héroïnes nationales, comme Jeanne d'Arc ou Diane de Poitiers.
Diane qui est bien reconnaissable à mon avis sur cette splendide gravure extraite de son livre, et qui est l'oeuvre d'un certain...J.Champagne.
Il vous sera d'ailleurs loisible de comparer ce portrait à celui que j'ai déjà publié dans ce blog, puisque nous avons déjà rencontré la duchesse à propos du chateau de Dampierre-sur-Boutonne:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3647621.html
Mais venons-en, voulez-vous, au point selon moi capital. Voici donc une gravure de J. Champagne, figurant dans un livre publié en 1881. Ceci au moins est incontestable.
Et bien, rappelons-nous maintenant de l'année de naissance de Julien Champagne: 1877. Quelle qu'ait pu être la précocité de son talent, Julien n'est pas l'auteur de ces dessins, le bon sens désormais nous commande de le penser - et de le dire.
J'observe d'ailleurs que le J. Champagne en question, comme vous pourrez vous en rendre compte ci-après, est l'auteur de la majorité des illustrations du livre de Goodrich.
Cet ouvrage est d'ailleurs rare, mais pas impossible à trouver, en plus il vient d'être réimprimé. Pour celles et ceux qu'il intéresse, voyez:
http://auctions.overstock.com/WORLD-FAMOUS-WOMEN-GORGEOUS-BINDING-ENGRAVINGS-1881/Books/item/43121075
http://www.amazon.fr/World-Famous-Women-Influence-Earliest/dp/1430461756/ref=sr_1_12/403-7199443-2189225?ie=UTF8&s=english-books&qid=1194629578&sr=1-12
http://www.bibliopoly-search.com/servlets/server?_config_=bibliopoly&_action_=MainFrameFromStaticPages&_display_action_=DisplayBook&_book_id_=
7787106&_price_=45.00&_currency_=USD
http://www.polybiblio.com/secondli/23100.html
http://digital.lib.lehigh.edu/trial/pocahontas/images.php?id=20
La question suivante, sur laquelle j'aimerais bien avoir des avis aussi autorisés que ceux des experts de nos
musées, est naturellement qui peut bien être ce J. Champagne, apparemment inconnu au bataillon...pardon, au
Bénézit.
Compte tenu de la connotation plutôt anglo-saxonne du livre de Goodrich, serait-ce finalement et tout simplement un de nos cousins d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique?
Pourrait-il au contraire être de la famille de Julien Champagne? D'après Walter Grosse, un oncle de ce dernier était lui-même dessinateur.
Mais voilà, Louis Emile Champagne (1842-1908) a-t-il pu vraiment signer ses oeuvres J. Champagne? Avons-nous affaire ici à un "prénom d'artiste"? Peut-être pourrons-nous en savoir plus dans quelque temps, après tout l'espoir fait vivre.
Aux dernières nouvelles, et sous réserve de confirmation, notre J. Champagne lithographe serait en fait Jules Champagne, dont l'oeuvre est bien liée à celle de Montaut, comme évoqué dans notre article sur "les soirées parisiennes."
Il apparaît comme tel dans la base de données Mnémosyne de l'Institut national de recherches pédagogiques (INRP):
http://www.inrp.fr/mnemo/web/vueNot.php?interf=fr
D'après cette notice, consacrée à un bal d'enfants qui semble être la huitième gravure des soirées parisiennes, et fut réalisée vers 1860, Jules Champagne était un dessinateur-lithographe, et a produit de l'ordre de deux cent planches de sujets gracieux entre 1852 et 1870.
On trouvera d'ailleurs une reproduction de la gravure sur mademoiselle Lenormand qui est copiée ci-dessus dans une notice de la New York Public Library qui est consacrée au travail de Jules Champagne:
http://digitalgallery.nypl.org/nypldigital/dgkeysearchresult.cfm?word=Champagne%2C%20Jules&s=3¬word
=&f=4
Enfin, Jules Champagne apparaît comme l'auteur des portraits d'un ouvrage traduit sous le titre de The court of Napoleon, encore de Frank Goodrich (Derby & Jackson, New York, 3ème édition en 1858).
Dans l'attente d'en savoir plus sur Jules Champagne, je voudrais pour terminer mon épistole désormais mensuelle ou quasiment vous donner certaines nouvelles de l'actualité immédiate de Julien.
D'abord d'Argentine, sans trop de surprise j'espère depuis mon article au tango de Champagne:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-12259594.html
Comme en fait presque foi ce cliché de couverture, la revue Alas del Sur de Victoria Asis réserve dans sa livraison
de septembre-octobre 2007 une place de choix à notre artiste et au blog d'Archer.
Qu'elles (Vic et Alas) en soient chaleureusement remerciées ici, et souffrez que j'en indique aussitôt
les coordonnées courriel:
alasdelsur2000@hotmail.com
Ensuite et enfin...du Vanuatu, puisqu'un céleste agriculteur de là-bas, répondant au doux sobriquet
de Pseudo-Démocrite, aussi hispanophone que francophone et érudit, vient de consacrer un article
à certains dessins de Champagne sur le chateau de Dampierre (again):
http://quaestiones.blogspot.com/
http://quaestiones.blogspot.com/2007/10/castillo-de-dampierre-fulcanelli-y.html
Mais vous aurez bien sûr reconnu mon article sur la constance de Julien Champagne:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-4121689.html
Quelle bonne fortune! Assez critique envers Fulcanelli, plutôt indulgent avec son prédécesseur
Louis Audiat, notre Démocrite m'intéresse surtout en ceci qu'il rapproche certains emblèmes
de la demeure philosophale en question des écrits d'Alciat (1531, 1536) et des Devises héroïques
de Claude Paravin (1551,1557).
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