En l'honneur de Ferdinand de Lesseps et de l'émir Abd-el-Kader, voici avec un peu d'avance sur notre timing prévu ou annoncé "une goutte d'or" mensuelle qui nous permet de nous rappeler, après un été maussade, que le soleil fulcanellien d'automne est un astre froid.
J'aurais pu l'intituler aussi Champagne en 1927, ou Asklépios de Champagne, mais j'ai pensé que la revue Aesculape, vouée aux lettres et aux arts dans leurs rapports avec les sciences et la médecine, ce qui est un bien beau programme, méritait bien un coup de chapeau particulier.
On y trouve en effet, sous la plume de Paul Le Cour, un des tout premiers articles consacrés à Julien Champagne et Fulcanelli, sinon le premier.
Rappelons que l'édition originale du Mystère des Cathédrales est de 1926...L'auteur de cet article a-t-il été alerté par Eugène Canseliet, préfacier et rédacteur du Mystère? C'est bien possible.
Nous avons déjà rencontré Paul Le Cour dans ce blog, et l'y avons présenté naguère, au prétexte d'un tour pendable que lui joua paraît-il Julien Champagne:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2082647.html
Aussi je vais me contenter cette fois-ci de commenter brièvement son article, d'ailleurs très élogieux dans l'ensemble.
Fulcanelli a visiblement séduit Paul Le Cour, puisque "l'ésotérisme des cathédrales" s'ouvre par une citation bien sentie de l'auteur du Mystère.
Le Cour qualifie d'emblée l'ouvrage de fort curieux et d'admirablement présenté, ce qui est aussi à mon sens un compliment déguisé pour Champagne et Canseliet.
Il pronostique qu'il deviendra à bref délai une rareté, et a donc analysé avec perspicacité la modicité du tirage initial (300 exemplaires, semble-t-il) au regard de l'intérêt du livre.
Comme il ressort des illustrations que je reproduis, son attention a été essentiellement captivée par les médaillons hermétiques de Notre-Dame de Paris.
Pour Le Cour, le premier médaillon représenté ici représenterait moins l'alchimie que l'initié, "dont le front touche les nues et qui possède la souveraineté donnée par la connaissance du livre fermé."
Une telle interprétation est à mon avis moins contradictoire que complémentaire de celle de Fulcanelli, et reste en tout cas très similaire.
De même, l'alchimiste protégeant l'athanor permet au fondateur d'Atlantis de préciser que "le grand oeuvre a pour but non seulement la transmutation en or de métaux vils mais aussi la confection de l'Eli-xir." Et Paul d'insister sur la validité de cette étrange orthographe...
Le Cour qui n'ignore cependant ni la Sainte-Chapelle, ni Amiens ni Bourges, émet encore cette remarque digne d'intérêt:
"J'ai constaté qu'à Chartres se trouvent à peu près les mêmes figures qu'à Paris." Et ni Champagne ni Fulcanelli je crois ne le contrediraient sur ce point:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-1766811.html
Mais j'ai déjà traité à mon humble niveau de tous ces bas-reliefs de Notre-Dame de Paris, et vous me pardonnerez j'espère de vous renvoyer aux articles idoines:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-1793068.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2447744.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2716962.html
Le Cour, après avoir remarqué que le Mystère a dû nécessiter à son auteur de longs travaux, si l'on en juge par la date de certains dessins, qui remontent à 1910, conclut en déclarant qu'il a retrouvé dans cette oeuvre "avec un vif intérêt, des idées chères à un hermétiste connu en raison de son immense érudition: Pierre Dujols."
Si d'aventure, amies et amis, vous rencontriez dans la même revue Aesculape le compte-rendu qu'y fit Paul en janvier 1931 des Demeures Philosophales de Fulcanelli, je vous saurais gré de m'en faire part.
De 1927 à 2007, quatre générations ou presque ont passé...Je m'en voudrais de ne pas vous signaler pour conclure ce "post" la parution il y a quelques semaines seulement d'un nouveau livre, post-mortem justement, d'Eugène Canseliet, dont vous voyez ci-dessus un cliché de la couverture.
Cet ensemble d'articles est une suite de son Alchimie, paru en 1964. Il comporte deux inédits, dont un au moins me semble important, sur les universaux. Hélas, je n'en ai pu en trouver jusqu'alors qu'un exemplaire unique.
Il est préfacé par Sylvaine Canseliet, fille de Béatrix, d'une manière émouvante qui rappelle tout à fait les accents si personnels de son aïeul. Autant dire que ce début apparent d'une trilogie à venir nous semble des plus prometteurs, d'autant qu'en quatrième de couverture, et nous en terminerons là-dessus pour ce soir, figure à nouveau "l'alchimie, dessin de Jean-Julien Champagne."
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