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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 12:32

C'est avec grand plaisir que nous avons pris connaissance il y a quelques jours maintenant de la dernière livraison en date de la revue régionale forézienne Regards du Pilat, animée par Thierry Rollat.

Elle contient en particulier un petit texte de Jean Artero résumant le fruit de ses recherches sur l'alchimie contemporaine, et notamment autour de Fulcanelli et (tout spécialement) Champagne:

http://regardsdupilat.free.fr/champagne.html

Comme il nous en a donné l'autorisation, nous voudrions en profiter, au seuil de l'été, pour vous livrer l'intégralité de son propos, qui nous a paru avoir le mérite à la fois de la clarté et de l'actualité. Le voici donc, à l'encre violette, comme il se doit:

 

Quand on pense au plus grand alchimiste contemporain, il est difficile de ne pas évoquer le nom de Fulcanelli, dont l’identité civile reste à mon sens incertaine à ce jour.

Cet Adepte probablement français d’origine s’inscrit de ce point de vue dans une tradition d’anonymat que Basile Valentin, ou Irénée Philalèthe, par exemple, ont illustré avant lui.

C’est donc au travers de son œuvre écrite (Le Mystère des Cathédrales, puis Les Demeures Philosophales) parue entre les deux guerres mondiales qu’il convient avant tout de chercher à apprécier le rôle qu’il a pu jouer du point de vue de la postérité.

Précisons ici, d’emblée, que ses deux ouvrages ont connu assez rapidement un succès qui ne se dément pas, et ce en dépit de leur austérité apparente. En France même, les rééditions se sont succédées et se succèdent toujours, et cet opus a été traduit dans les principales langues occidentales (ainsi qu’en japonais).

C’est à Eugène Canseliet (1899-1982) que l’on doit en partie l’aura qui est celle de Fulcanelli, en raison de la promotion inlassable qu’il a faite, presque ab initio, des écrits de celui qu’il a volontiers présenté comme son Maître en alchimie.

Il y a quelques années encore, au contraire, le rôle qu’a pu jouer dans ce domaine un Julien Champagne, pourtant illustrateur du Mystère comme des Demeures, n’apparaissait pas clairement.

Ceci était d’autant plus frappant que Canseliet lui-même nous rapporte que lorsque, encore adolescent, au début de la première guerre mondiale, il rencontra Fulcanelli pour la première fois, Champagne se tenait auprès de ce dernier.

Mais il est vrai que Champagne une fois disparu (presque en même temps que Fulcanellli et en tout cas peu après la publication des deux volumes déjà mentionnés), Eugène restait à peu près seul dépositaire du legs spirituel, intellectuel et matériel en question, et devait en tout cas seul brandir, selon ses propres termes « l’étendard rouge de l’alchimie » traditionnelle.

Qui plus est, pour des raisons techniques, nous a-t-on aimablement expliqué de bonne source, les dessins de Champagne pour l’opus fulcanellien disparurent progressivement des éditions nationales, et furent remplacées par des photographies (excellentes, il est vrai). Son nom même disparut à son tour des couvertures et des pages de garde…

Tout ceci explique finalement qu’un « fulcanelliste » distingué en vint à exprimer cette opinion que de Julien on ne savait pas grand-chose, voire quasiment rien, alors qu’à l’époque, l’intérêt pour Eugène et son Maître battait déjà son plein.

C’est précisément cet intérêt d’une part, et de l’autre cette méconnaissance quasi-totale de Champagne, qui nous ont incités, Archer et moi, à créer en 2006 un blog qui lui est consacré pour l’essentiel :

http://www.archerjulienchampagne.com/

Une petite quinzaine d’années et un peu plus de trois cent articles plus tard, quel bilan global tirer de cette aventure ?

Et bien force est d’abord de constater que c’est elle qui a conduit votre serviteur à entrer en écriture ; mentionnons rapidement ici Présence de Fulcanelli (Arqa de Thierry Garnier, 2008), et plus récemment sur l’ensemble des « fulcanellistes » et autres « fulcanellisables », Fulcanelliana (Arqa toujours, 2017).

Mais bien entendu, pour ce qui nous occupe aujourd’hui, notre petit essai sur Julien Champagne Apôtre de la Science Hermétique (Le Mercure Dauphinois de Geneviève Dubois, 2014) est à notre sens le plus significatif.

 

Soit me direz-vous, mais venez-en au fait : Que savons-nous de plus sur cet « excellent artiste », Canseliet dixit ?

D’abord, répondrai-je, que son intérêt ne se limite certainement pas à l’hermétisme. Elève de Léon Gérôme à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Julien est un peintre et dessinateur coté, qui figure au Bénézit, la « bible » internationale en la matière.

Et que certaines de ses œuvres picturales connues n’ont rien à voir à l’évidence, ni avec l’alchimie, ni avec l’opus fulcanellien.

A l’inverse, nous le voyons dès 1910 occupé à illustrer ce dernier, bien avant parution par conséquent. C’est cette année-là, également, qu’il peint son célèbre tableau du Vaisseau du Grand Œuvre, qu’il offrira à son jeune ami Eugène, et que ce dernier reproduira dans ses Deux Logis Alchimiques (Pauvert, 1979).

Il est donc plus que vraisemblable qu’à ce moment il connaissait déjà Fulcanelli, sachant que ce dernier ne peut être ni Champagne, ni Canseliet, compte tenu de leurs âges respectifs et de leur bagage intellectuel de l’époque. Mais nous reviendrons ultérieurement sur ce point particulier.

En fait, nous savons maintenant que l’intérêt de Julien pour l’alchimie est malgré tout antérieur à cette époque, puisque dès 1908 il est suffisamment instruit dans ce domaine pour commettre un petit essai d’alchimie théorique, La Vie Minérale, au sous-titre si fulcanellien : Etude de Philosophie Hermétique et d’Esotérisme Alchimique.

Conservé par sa famille, son manuscrit sera, grâce à Bernard Allieu, publié un siècle plus tard (Les Trois R, 2011, et seconde édition, 2015).

Les Trois R nous ont également gratifiés, en 2015 encore, de la publication d’un autre manuscrit de Champagne, le Procédé de Mr Yardley, toujours de provenance familiale. Cette fois il ne s’agit pas d’une œuvre de Julien stricto sensu mais de la présentation et de la traduction par ses soins en 1913 d’un traité d’alchimie pratique d’origine britannique, attribuable à un certain Frederick Hockley (Yardley et Hockley seront mentionnés par Fulcanelli).

Allieu en proposera en 2016 une version anglaise. L’intérêt de cette plaquette réside dans le fait qu’on y a certes affaire à une sorte de (procédé) particulier, de l’ordre de la spagyrie, mais que parallèlement, comme souvent ou parfois, on ne s’y trouve guère éloigné du cheminement au laboratoire, d’un Philalèthe dans ce cas précis.

Ce qui évidemment n’a pas échappé à Champagne, lequel s’était donc, dès avant la première guerre mondiale, lancé dans des expérimentations.

Sommes-nous désormais au bout de nos découvertes sur Julien ? Il nous semble bien que non. C’est ainsi, notamment, que nous sommes toujours à la recherche de deux autres de ses écrits, dont l’existence dans un fonds du magiste Jules Boucher, qui fut un temps un proche de Champagne, nous paraît avérée, même si la trace s’en est perdue pour l’instant : un Dictionnaire Hermétique et une étude sur Le Symbolisme Alchimique.

Pour en terminer provisoirement, revenons à présent sur mon assertion antérieure selon laquelle ni Champagne ni Canseliet ne sont Fulcanelli.

Je la maintiens, même si ce sont tous deux des Fulcanelli. En effet, tous deux ont contribué à l’élaboration du Mystère et des Demeures. Pour Canseliet, c’est bien connu, il les a mis en forme. Pour Champagne, çà l’est moins, et pourtant nous avons pu établir -au-delà de son rôle d’illustrateur- qu’il s’était (par exemple) intéressé de près à certain monument hermétique écossais (le cadran solaire d’Holyrood) bien avant la publication de l’opus fulcanellien, et dans des termes très voisins de ceux de Fulcanelli.

A l’inverse, il est généralement su que Julien a parfois dédicacé le Mystère ou les Demeures en signant d’un AHS Fulcanelli (un « fulcanelliste » a émis l’hypothèse qu’il faut lire cette mention ainsi : Apôtre de la Science Hermétique de Fulcanelli). Eugène de son côté a , lors de son admission à la Société des Gens de Lettres, demandé à ce qu’on le reconnaisse comme Fulcanelli pour les ouvrages en question…

Mais voilà, je le répète, ni l’un ni l’autre n’avaient pu avoir acquis, avant 1914, une culture scientifique, littéraire et historique suffisante pour avoir élaboré seuls ces deux livres magistraux.

Donc à côté ou derrière, ou au-dessus d’eux, se tenait et se tient peut-être toujours le « vrai », le grand Fulcanelli.

Alors qui ? Un Dujols ou un proche des Dujols ? Un Lesseps ou un proche des Lesseps ? Un membre avéré ou caché d’une de ces familles, ou des deux ? Mystère. Et mystère louable, au regard de la tradition alchimique, puisqu’il permet à la fois de magnifier l’aura fulcanellienne, et de se concentrer sur ce que l’Adepte Fulcanelli nous a légué de plus précieux : son œuvre.

Sur ce dernier aspect des choses, je ne peux que vous recommander, chers lecteurs et chères lectrices, de visionner un échange de 2018 autour de Fulcanelli, auquel a avec bonheur participé votre humble serviteur : croyez-m’en, il est très riche.

https://lalchimieauquotidien.wordpress.com/2018/11/03/conference-paroles-dalchimistes-fulcanelli-adeptes-filiations/comment-page-1/#comment-569

Last but not least, si vous voulez à nouveau pouvoir consulter Mystère et Demeures en bénéficiant de l’apport inestimable des illustrations de Julien Champagne, c’est désormais chose possible et même aisée, grâce cette fois à Gilbert Bonnet.

Ses éditions Alcor les ont en effet republiés, et de bien belle façon, en 2013.

Valete !

Qu'il nous soit également permis de louer ici le travail accompli par Thierry Rollat et son équipe, puisque  cette revue gratuite, majoritairement consacrée à notre cher Forez, dont le massif du Pilat a été érigé en parc naturel régional, accorde aussi une place non négligeable (certains regards, donc) à l'ésotérisme en général.

C'est ainsi qu'elle comporte entre autres une rubrique sur l'alchimie:

http://regardsdupilat.free.fr/GRANDEAFFAIREMENU.html

Cette rubrique, alimentée notamment par un certain Renard Gambline, qui abrite désormais également l'article ci-dessus de l'ami Artero. Bravo, Thierry, et tous et toutes.

http://regardsdupilat.free.fr/ALCHIMIE.html

Joyeux solstice et belles vacances à chacune et à chacun.

 

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