Voici quelque temps déjà, notre ami José Rodriguez Guerrero, de l'excellente revue espagnole d'études alchimiques AZOGUE, nous a fait part de sa découverte concernant une oeuvre de jeunesse de Julien Champagne, "un tableau intitulé Vallée de Croisette à Frohen-le-Grand. Il a été livré par le peintre à Emile Delignières (1836-1910), pour une exposition organisée en juillet 1897 au musée d'Abbeville et du Ponthieu à l'hôtel d'Emonville. Il est possible qu'il soit actuellement conservé au musée Boucher-de-Perthes de cette cité."
Et José d'insister, en précisant et référençant aussitôt son propos: Emile Delignières, Exposition d'oeuvres d'art et de curiosités à Abbeville, Fourdrinier, Abbeville, 1897, page 36:
"Voici l'oeuvre d'un tout jeune, mais d'un vaillant et d'un laborieux, profondément épris de la nature et de l'art: il est entré dans la carrière par la bonne porte de l'Ecole des Beaux-Arts et il y est l'élève de M. Gérôme; c'est M. Julien Champagne, originaire pas sa famille de Béalcourt, à quelques lieues d'Abbeville: la Vallée de Croisette à Frohen-le-Grand (Somme), n° 288 (H. 0m71, L. 1m), était la première oeuvre exposée par lui, et nous avons été heureux, ayant déjà remarqué ses études, de la faire recevoir à l'Exposition, en donnant ainsi droit de cité à l'auteur:
On est au milieu de l'été, les blés sont mûrs, le ciel est illuminé tout à l'horizon des derniers reflets du soleil couchant, mais l'orage menace, les nuages noirs, lourds et vastes se pressent chassés par la tempête et, par leur teinte sombre, font ressortir au loin l'éclat fulgurant du ciel qui semble tout paré de lueurs d'incendie; l'effet est saisissant, et pour être d'une certaine hardiesse, il n'en est pas moins vrai, le vallon fuit au loin dans une perspective à perte de vue; au premier plan, une terre fraîchement labourée, plus loin un champ de blé aux épis jaunissants; à gauche, une lande en pente douce et suivant la ligne de la vallée se déroule, parsemée çà et là de genêts; cette partie est particulièrement réussie, et le tableau dans son ensemble fait honneur au jeune artiste."
Naturellement, nous nous sommes empressés de remercier l'ami Rodriguez Guerrero, et avons essayé, malgré les doutes que l'on imagine, de pousser nos investigations plus avant.
Mais permettez-moi, dans un premier temps, de saisir cette opportunité de vous signaler l'intérêt d'AZOGUE:
https://joserodriguez.dotster.com/
Nous avons donc tâché de chercher des confirmations de ce qui précède auprès des musées d'Abbeville, et à notre relative surprise, elles sont arrivées relativement vite, sous la forme d'un courriel de M. Patrick Absalon, naturellement rédigé ès-qualités:
"L'oeuvre que vous cherchez n'appartient pas aux collections du musée. Elle a seulement été exposée en 1897 pour le centenaire de la Société d'Emulation d'Abbeville, apportée par le peintre lui-même; vous trouverez en pièce jointes les pages correspondantes du catalogue, ainsi que des vues de cette exposition sur le site Internet des archives d'Abbeville:
http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/index.php "
Ne manquons pas de complimenter ici M. Absalon pour sa diligence, sa compétence et son amabilité, bien dignes de ses fonctions...et de Champagne.
Voici donc, en complément des explications de M. Guerrero, celles de M. Absalon. D'abord, une vue du catalogue de l'exposition où Champagne, à peine âgé de vingt ans, fut à l'honneur pour la première fois.
Puis, la cote de l'oeuvre exposée.
S'agissant à présent des liens possibles entre Champagne et Delignières, il semble, en l'état actuel des choses, qu'il convienne de balancer entre la réputation de voisinage (Béalcourt) et celle de notoriété (Gérôme).
En effet, Delignières n'est pas un artiste, quoique féru d'art local; mais il est à l'origine de l'exposition dont il s'agit, en raison de ses fonctions même:
https://www.societe-emulation-abbeville.com/historique/pr%C3%A9sidents/%C3%A9mile-deligni%C3%A8res/
Exposition dont on pourra ci-après se faire une idée, à la fois de la profusion et de l'éclectisme...
Toujours est-il que le tableau exposé en 1897 par les soins de Delignières et Champagne n'est pas réapparu à ce jour, du moins à notre connaissance du moment.
Depuis lors, Frohent-le-Grand est devenu par regroupement de communes Frohent-sur-Authie.
Voici, en conséquence,le type de paysages que Julien a pu à cette époque proposer à la sagacité de ses compères "régionaux de l'étape":
Encore dirons-nous pour conclure provisoirement une oeuvre de Julien à redécouvrir! Bon Noël à chacune et à chacun.
ARCHER