Feu notre éminent confrère et néanmoins ami Richard Khaitzine (1947-2013) vient à nouveau de se signaler d'heureuse façon à l'attention générale (et accessoirement à la notre) au travers de la reparution et de la parution de deux de ses oeuvres principales:
La reparution dont il s'agit est celle de son Fulcanelli et le cabaret du Chat Noir (Ramuel, 1997), livre publié cette fois sous le titre Le cabaret du Chat Noir (Le Mercure Dauphinois, 2018).
Sa nouvelle éditrice, Geneviève Dubois, y a l'élégance ô combien sympathique de rendre hommage à sa consoeur décédée, Françoise Burel, directrice de Ramuel, justement.
Elle ajoute à juste titre que ce volume devenu rapidement presque introuvable (sauf à le payer d'un prix prohibitif) restait très prisé des bibliophiles.
Nous nous permettrons de commenter brièvement, s'agissant de sa nouvelle mouture, dont le texte a été "revu et corrigé", en remarquant qu'elle comporte certes des ajouts, mais aussi quelques suppressions, et que par conséquent, l'édition originale conserve toute sa valeur, même si cette réédition, globalement conforme à la version initiale, ne peut que ravir les amateurs.
Les deux premiers tomes de La langue des oiseaux (Dervy, 2011 pour le premier tome et 2012 pour le second) autre ouvrage important de Richard, se trouvent désormais assortis d'une suite (Dervy 2019).
L'auteur nous y fait le plaisir et l'honneur de mentionner notre modeste blog à plusieurs reprises, ce qui doit évidemment être souligné.
Ce passionnant travail, d'une incroyable érudition à certains égards, a été réalisé l'année même du décès de Khaitzine, et alors qu'il était déjà malade. Son auteur était conscient qu'il n'était pas tout à fait achevé, mais avait malgré tout fait le choix, semble-t-il, de faire parvenir son manuscrit en l'état.
On y voit notamment bien les constantes de sa pensée, s'agissant de son fulcanellisable, Alphonse Jobert. On y décèlera également, et certaines évolutions relatives à la réévaluation du rôle joué par Pierre Dujols dans l'aventure fulcanellienne, et (apparemment suite à sa lecture des travaux de Filostène (Philippe Buchelot)) une estimation plus fine de l'apport personnel de Raymond Roussel à l'historique des livres de Fulcanelli.
Fort bien me direz-vous, mais et "Hubert", dans tout cela? Et bien, vous verrez, car Jean-Julien, dont Richard Khaitzine précise dans les deux publications dont il s'agit que son prénom usuel était bien Julien, conformément aux usages d'alors, y occupe lui aussi une place de choix.
Voici par exemple ce que Richard a écrit à son sujet en 2013 à son éditeur, Bernard Renaud de la Faverie:
"Champagne fut bien l'élève de Jobert avant d'être celui de Dujols...la photo du labo dédicacée à Dujols par Champagne montrant bien le labo de Jobert (même poële, même cheminée)."
Khaitzine affirme aussi que Léon Gérôme, autre maître d'"Hubert", mais dans l'art pictural cette fois, fut un ami des Lesseps et des Bartholdi...
A l'inverse, notre ami ne nous paraît pas, hélas, avoir eu le temps de prendre conscience de l'importance propre de Julien Champagne comme hermétiste et alchimiste, par exemple en ayant connaissance de son écrit sur La Vie Minérale (Les Trois R, édition originale en 2011): Pour lui, "Hubert" est resté apparemment jusqu'à la fin un "élève de", et l'illustrateur des Fulcanelli.
Bonne année à chacune et à chacun, notamment à vous, chère Lydia Khaitzine.
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