Un court billet, en forme de note de travail, et qui est manifestement de la main de Julien Champagne, a été conservé par la descendance de son frère Félix.
Il nous montre l'étendue du savoir de "l'excellent artiste" que fut notre "Hubert", et sans doute aussi de son savoir-faire, puisqu'il n'hésite pas à traiter ici de la différence entre l'or naturel et celui alchimique.
Champagne pousse la charité hermétique jusqu'à indiquer la façon de traiter ce dernier, qu'on peut qualifier d'or natif, de façon à le rendre en quelque sorte transmutatoire.
Nous retrouvons donc une problématique abordée par Fulcanelli dans Les Demeures Philosophales (au chapitre Alchimie et spagyrie):
"Ce corps simple, si facilement obtenu bien qu'en faible proportion, est-il vraiment de l'or? Notre sincérité nous oblige à dire non, ou du moins, pas encore. Car s'il présente la plus parfaite analogie extérieure avec l'or, et même la plupart de ses propriétés et réactions chimiques,il lui manque toutefois un caractère physique essentiel, la densité.
Cet or est moins lourd que l'or naturel, quoique sa densité soit déjà supérieure à celle de l'argent. Nous pouvons donc l'envisager non pas comme le représentant d'un état allotropique, plus ou moins instable, de l'argent, mais comme de l'or jeune, de l'or naissant, ce qui révèle encore sa formation récente.
D'ailleurs, le métal nouvellement produit reste susceptible de prendre et conserver, par contraction, la densité élevée que possède le métal adulte."
Toujours dans les Demeures, mais cette fois au chapitre Chimie et philosophie,l'Adepte "dévolu au XXe siècle" estime que sans qu'il ait forcément été lui-même alchimiste, Blaise Pascal a dû assister ou même participer à une transmutation.
C'est ce qui ressort, selon lui, de son fameux Mémorial, dont il souligne l'importance qu'y revêt à son avis le mot Chrysogone. Pour Fulcanelli, Pascal s'en sert justement pour qualifier la transmutation. Il est en effet formé de deux mots grecs, signifiant or pour l'un et génération pour l'autre.
Le Mémorial ayant été découvert après le décès de Blaise, Fulcanelli conclut: "La mort, qui emporte d'ordinaire le secret des hommes, devait livrer celui de Pascal, philosophus per ignem."
Nous avons ainsi l'occasion de souligner la qualité du petit essai que Thierry Emmanuel Garnier vient de consacrer au Mémorial dont il s'agit (Nuit de Feu, paru aux éditions Arqa).
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