Julien Champagne a dû offrir à son frère Félix les éditions originales des deux livres publiés de Fulcanelli, mais seul le premier semble avoir été dédicacé, pour une raison ou une autre.
Toujours est-il que cette dédicace offre l'image d'une réelle complicité, puisque alors que Julien témoignait "seulement" de sa profonde affection à sa soeur Renée, dont nous savons pourtant qu'elle participa à sa quête hermétique, avant de devenir son exécutrice testamentaire et principale héritière, les deux frères paraissent ici avoir au moins un temps partagé eux aussi cet attrait finalement commun à toute la fratrie:
"A Félix, en souvenir de notre mutuel enthousiasme pour les hautes Sciences ésotériques". On pourra également noter que Champagne signe de son vrai nom, et que le pseudonyme AhS Fulcanelli n'apparaît donc en l'occurence ni pour Renée ni pour Félix.
La descendance de ce dernier a également conservé un manuscrit relié de toile verte, dont la composition semble hétérogène au premier abord.
Tout le début en est constitué d'un glossaire astrologique, et d'une transcription d'un traité d'astrologie bien connu de Luc Gauric (XVIe siècle).
Nous ne nous demanderons pas pour l'instant à qui nous devons ces considération astrales, mais astrologie et alchimie étant paraît-il soeurs jumelles, nous allons plutôt nous attarder brièvement sur la partie finale du recueil, intitulée Hermétisme et Alchimie.
On peut penser que toute la partie Hermétisme manque, puisque seule la section Alchimie est présente.
L'écriture ne manque pas de charme, qu'elle soit ou non celle de Julien Champagne. En tout cas le style n'est sans doute pas le sien, il est bien plus nettement fulcanellien.
Quant au fond de cet essai incomplet et "inachevé" d'une petite quarantaine de pages, il nous envoie incontestablement au Mystère des Cathédrales et aux Demeures Philosophales et en particulier à leurs débuts respectifs sur Paris d'une part et d'autre part sur l'alchimie médiévale.
Il pourrait en fait s'agir d'une sorte d'ébauche, qui aurait ensuite été retravaillée avec le maintien final de certains passages, et l'omission (ou la transformation) d'autres. Il est sans doute bien antérieur à la publication en 1926 du premier volume de l'oeuvre de Fulcanelli.
Son auteur étant clairement unique, nous l'attribuerons faute de mieux à "L'Anonyme fulcanellien."
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